samedi 26 mai 2012

18. Tsunami de bonheur et fin d’une ère.

Période : Février 2006.
Situation sentimentale : Tutti va bene !
Localisation géographique : Cambrousse morbihannaise (56), plus pour longtemps (gniark gniark).
Situation professionnelle : Got a joooooooooooooooooooooob !

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J’avais donc enfin un job, au terme d’un marathon qui mériterait de rester dans les annales du recrutement (quelle horrible expression). Du coup, mon amoureuse et ma fille étaient venues de Paname pour fêter ça avec moi, puisque ça marquait quand même potentiellement le début de notre nouvelle vie (enfin) tous ensemble, si je réussissait ma période d’essai évidemment. On n’avait quand même jamais vécu tous sous le même toit, c’était pas banal comme construction familiale. Week-end de fou, forcément, trop rapide (forcément aussi). 2/3 de moi sont ensuite repartis vers Paris. Putain, c’était dur. La maison était bien grande et bien vide sans mes deux p’tites femmes. Mais bon, pour une fois, j’étais pas parti vers Paris avec le train, c’était déjà une semi-source de satisfaction…

Bref, il y a pas si longtemps, j‘étais encore un cokaïnomane alcoolique qui ne faisait que travailler 24h/24h et là,  j’étais enfin catapulté dans la vraie vie avec une jolie famille. Putain, c’était bon. Moi qui m’étais fixé comme objectif d’avoir une belle vie et d’être fier de moi à 30 ans, on dirait bien que je venais de gagner deux ans sur mon programme ! (Manquaient plus que le labrador et le Scénic et on était bon). Mon CV d’aventurier allait prendre du galon !

Les jours qui suivirent ont été très enneigés (super la neige : on voit plus les monticules de taupes !). Puis le soleil avait fini par repointer le bout de son nez et brillait alors de mille feux. Du coup, je suis sorti dehors avec Léna en bandoulière (Léna c’est ma guitare, je sais pas en jouer pasque je suis aventurier et pas musicien, mais je peux pas m’empêcher) et je me suis assis sur un rocher mousseux, le corps fouetté par la brise agricole et les effluves graciles de purin. Mes longs cheveux blonds aux reflets platines (comme vous pouvez le constater sur la photo du blog) me fouettaient le visage, je sentais la chaleur du soleil sur ma peau veloutée, mes énormes muscles (ah, ah) faisaient peur aux pitits zécureuils et aux mouflons facétieux qui paissaient dans la rivière en contre-bas, mes doigts ont gratté les cordes de Léna comme guidés par un souffle de magie divine et là, spontanément, les accords et les mots se sont mêlés en une harmonie parfaite. « Song to Alex » ça s’appellait :

« Moi je n'étais rien et voilà qu'aujourd'hui
Je suis le gardien du sommeil de tes nuits
Je t'aime à mourir
Tu as bâti des ponts entre nous et le ciel
Et nous les traversons à chaque fois que
Tu n’veux pas dormir, tu n’veux pas dormir
Je t'aime à mourir »

C’est moi qui l’ai fait ! (de toutes façons, si je vous avez dit que c’était du surgelé, vous ne m’auriez pas cru ! Si ? Ah, bon, d’accord alors… J’admets que j’ai un peu copié, mais comme je l’ai écrite dans la cabane au fond du jardin, nu sur des galets et à l’encre de mes yeux, ça devrait passer…). Bon, c’était qu’un début, j’avais pas encore trouvé la suite, mais c’était une histoire de jours. Avec un environnement si propice à l’inspiration, je crois bien que ça allait déchirer. C’était aussi une façon de dire au revoir à ma maison du Morbihan pour aller continuer la suite de mes trépidantes aventures encore un peu plus à l’ouest (j’allais finir par atterrir à new York à ce rythme là…) dans le Finistère Sud. J’ai donc pris mon courage à deux mains, mon gros baluchon de voyageur avec les dents (puisque j’avais plus de mains disponibles du coup, rapport à mon courage) et je suis parti, tournant cette première page de ma nouvelle vie sans me retourner. En vrai, je me suis quand même retourné et je me suis pris un moucheron dans l’œil gauche, ce qui a déclenché une grosse crise lacrymale (à moins que ça ne soit l’émotion ?).

Bref, je suis donc arrivé dans mon nouvel environnement finistérien, la veille de mon premier jour chez B*nduelle, chez Josette, la gentille assistante du service Marketing. Elle me louait une « annexe / chambre d’hôte » pendant les trois mois que durerait ma période d’essai (aux frais de B*nduelle of course). C’était un genre de gîte indépendant, qui me permettait d’être autonome. C’était cool. Accueil très sympathique de Josette et Jean-Louis, son mari retraité. Petit pot de bienvenue tranquillou (au jus d’orange), puis découverte de mon nouveau chez moi…

Globalement, c’était top : 85 m², super fonctionnel, pleine campagne avec grand jardin de 3000 m², à quatre minutes de la mer et à 13 bornes du taf (temps de trajet = 9 minutes tous les jours, jamais d’embouteillage, un rêve éveillé). Bref, du tout bon.

Evidemment, j’avais beau avoir bourlingué dans tous les coins du monde, même les plus moches, j’étais pas mal démuni face à certains choix de décoration… Le salon était un modèle du genre. C’était proprement indescriptible (mais je vais essayer quand même : allez hop, hop, hop, mon côté buriné, mystérieux et aventurier reprend le dessus). Le divan à lui seul, pièce maîtresse de la pièce, méritait de figurer au musée des choses les plus laides du monde : il était juste immonde (mais très confortable, alors il lui sera beaucoup pardonné). Les différents bouquets décoratifs disséminés partout dans le salon étaient pas mal aussi, dans la catégorie « quelle est la composition la plus ignoble réalisable avec des fausses fleurs en plastique et tissu ? » (Certaines compositions intégrant même, comble du chic, un napperon en dentelles, certainement tricoté main, dessous elles). Après, mon cœur balançait entre la superbe collection de biches en porcelaine (un régal) et les espèces de coussins maronnasses sis de magnifiques feuilles de bambou dorées (on en mangerait), négligemment jetés sur les fauteuils club en cuir marron-vert (miam-miam)…

Mais bon, restons objectifs, hormis cet affreux salon, c’était vraiment génial et clairement tout confort (lave-linge, sèche-linge, lave-vaisselle, etc…). En plus je rigole, je rigole (et même je me moque, c’est très mal), mais Josette était adorable.

Par contre, je sais pas si y’a une rubrique « déco la plus moche du monde » dans le Guiness Book des Records, mais je pense que, si oui, on avait de bonnes chances d’y retrouver ce salon (et en première position qui plus est).

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