samedi 12 mai 2012

09. Epaule tatoo (PART II).

Période : Janvier 2006
Situation sentimentale : 1 amoureuse et 1 fille à Paris, ça se précise fort fort.
Localisation géographique : Cambrousse morbihannaise (56).
Situation professionnelle : Pas l’ombre de la queue d’un job à l’horizon et juste le RMI pour vivre.

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Suite de ma mésaventure terrifiante avec celle qu’il est désormais convenu d’appeler « Elise, la tatoueuse émotionnellement moyennement équilibrée».

Je m’attendais à ne revoir Elise que le jour du tatouage, donc. Que nenni. La vie est parfois coquine. Jeudi soir (veille du tatouage), coup de fil d’Elise complètement paniquée qui me dit : « Ca va te paraître bizarre, mais écoute ce que je vais te dire jusqu’au bout, y’a rien de malhonnête dans ce que je vais dire ». Là, je fais un prout : ça sentait un peu le coup fourré (et le prout aussi, du coup). Mon radar à emmerdes était au max et ça n’a pas loupé. Elle me dit : « Alors voilà, j’ai un copain depuis trois ans et là, j’ai fait une connerie et donc il est parti, mais moi je l’aime, je sais qu’on est fait l’un pour l’autre. Alors ça serait bien, comme je connais personne dans l’coin sauf toi et que t’es cool (on va finir par le savoir, à ce moment, j’aurais bien aimé être un gros enculé pas cool), si tu voulais bien dîner avec moi dans un restau demain soir (vendredi soir, donc, soir du tatouage) en tout bien tout honneur, parce que si je suis seule je vais me suicider ». Pris de panique, anesthésié par les vapeurs de prout, je lui réponds « oui » (c’est mon côté garçon facile) et je raccroche. Il faut savoir à ma décharge que j’ai séché tous les cours de « comment savoir dire non à son interlocuteur ? » depuis la maternelle…

Après, j’ai commencé à psychoter (mes gènes d’aventurier se mettent en marche très rapidement depuis que je vis ici) et à imaginer les pires plans, genre : elle met du GHB dans mon verre et me viole avec son mec, ou elle vient chez moi dévaliser ma maison ou alors elle me tue et fait un méchoui avec mes restes ou encore elle me sacrifie à Satan avec les restes d’un vieux bouc au cours d’une messe noire, etc, etc… Bref, ça tournait pas très rond dans ma tête, mais en même temps, je l’avais vue que trois heures dans ma vie cette meuf…et elle me faisait déjà le plan du chantage émotionnel au suicide. Alors que je cherchais encore une excuse à lui servir le lendemain matin pour éviter l’invitation maudite, je reçois un texto d’elle (toujours jeudi soir) qui dit : « A la place, t’as qu’à venir dîner chez moi : je cuisine aussi bien que je tatoue ». Mettez vous à ma place, j’ai paniqué. Quand je panique, je dors pas et je vomis beaucoup (et sur moi en général). Donc c’est ce qui s’est passé. Je n’ai pas dormi de la nuit et je suis arrivé le vendredi matin la tête dans le cul, le ventre vide et surtout sans excuse valable. Alors j’ai dû improviser.

Bah au moins on est fixé sur une chose : je n’ai aucun avenir ni dans le théâtre, ni dans l’impro. J’étais tout vert, je bougeais mes bras dans tous les sens (on aurait dit un nourrisson de 15 jours, quand son système nerveux central est en cours de finalisation et qu’il maîtrise pas bien ses gestes) et j’ai fini par lui dire : « Je peux pas, parce que j’ai peur de la nuit » (véridique). Putain, c’est l’excuse la moins valable de toute l’histoire de l‘excuse (World Record Guiness Book certified ©). J’étais mortifié. Elle m’a dit que j’étais taré (je pouvais pas lui en vouloir en même temps), mais du coup ça l’a bien fait rire et on a décidé d’oublier cette histoire de dîner. Elle m’a dit qu’elle allait mieux et que son copain allait revenir (tout ça pour ça, elle est un peu connasse quand même). Et du coup j’ai eu mon joli gros et grand tatouage pour 20€. Plus de peur que de mal. Tout est bien qui finit bien. Youplala. En plus, elle m’a retouché mes deux tatoos sur mes omoplates gratos. Youplala (re) !

Aussi elle m’a expliqué pourquoi les filles de la région avaient plein d’enfants alors qu’elles ont que 15 ans (particularité locale qui n’avait pas échappée à ma sagacité légendaire) : les jeunes garçons du coin sont très désoeuvrés et s’emmerdent salement (et franchement on peut difficilement leur en vouloir), alors y boivent. Beaucoup. Dès leurs 13 ans. Les jeunes filles du coin se font par conséquent copieusement gangbanguées tous les deux jours par des mineurs en rut pétés au whisky (bas de gamme évidemment), ce qui explique que 75% des gamines de 21 ans aient 4 enfants. Du coup, on peut conclure sans risque que :
1.       L’alcool, c’est mal !
2.       La vie amoureuse des jeunes de par ici est un échec relativement massif.

Je vous dis donc à très vite pour la suite de mes trépidantes aventures (du quotidien, toujours).
See you guys, T.

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