dimanche 30 septembre 2012

35. Mercredi, le jour des enfants (mais définitivement pas celui des pères au foyer).


C’est bien connu, le mercredi, c’est un peu le jour joyeux des enfants heureux, pour reprendre (à peu près) la chanson de notre ami Casimir. Et globalement, c’est vrai que ça peut être sympa le mercredi. Ou pas du tout.

Bon, ben là, manque de bol, c’était « pas du tout ». En même temps, vu que j’ai pu les moyens de les mettre au centre aéré, ben faut bien assumer. Et pis je suis un aventurier mystérieux et buriné, bordel de merde, j’en ai vu d’autres et des bien pires (enfin le croyais-je, jeune lapereau naïf que j’étais).

Déjà ça a très mal commencé. On avait fait une soirée TV en famille la veille (l’histoire sans fin 1) et donc il était bien question que les poupettes dorment longtemps (et moi aussi du coup gniark gniark). Pas d’pot, pour une fois les poupettes dormaient effectivement à poings fermés, et c’est une gigantesque crampe au mollet de sa mère la pute qui m’a réveillé. Je hais les crampes. Quelquefois j’ai la paume de ma main qui se rétracte toute seule (à force de parcourir le monde une machette à la main sans doute…), j’aime pas trop, mais ça va (même si, on en conviendra tous, ça n’est pas forcément ultra normal). Mais alors les crampes au mollet… bordel… Je leur donne 20/20 sur l’échelle de Richter de la douleur.

Etant entendu que je donne (pour vous situer) :

  • 16/20 à mes luxations récidivantes de l’épaule (quand je perds mon bras, comme dans l’arme fatale – mais en moins sexy pasque je suis pas Mel Gibson – mais en même temps, moi au moins je frappe pas ma meuf et je suis pas un gros fou intégriste).

  • 18/20 aux deux déchirements de la cornée que m’avait joyeusement prodigués Sasha quand elle était petite, en me griffant l’œil avec ses petits ongles sales et que ça s’était infecté (je pouvais plus regarder de lumière en face, je ressemblais à Marylin Manson (un œil normal et un œil qui pleurait tout le temps, avec une toute petite pupille et le blanc de l’œil qui avait viré au rouge) ; je n’avais qu’une envie, c’étais de m’enlever l’œil avec une petite cuillère (ce qui aurait été complètement con, quand j’y réfléchis a posteriori, et m’aurait même probablement fait assez mal – surtout au niveau de l’arrachement du nerf optique)). On peut être aventurier, on est pas obligé d’être con non plus.

Bref, j’aime pas les crampes au mollet. J’ai tenté la technique du pied remonté (j’ai crû crever). 2ème technique : poser le pied à plat sur une surface froide (genre carrelage). C’est là où je me suis félicité une fois encore pour l’achat intelligent de cette maison de 1953 avec parquet intégral… Pas un gramme de carrelage à l’étage… Il a fallu que je me traîne comme un vieux concombre de mer semi-hémiplégique (c'est-à-dire sans grande dextérité, pour ceux qui ne goûtent pas la métaphore) jusqu’à la cuisine en essayant de pas hurler trop. Force est de constater que j’ai échoué, puisque j’ai quand même pas mal hurlé et que j’ai donc réveillé mes deux filles (Ô joie), avant même d’atteindre le carrelage de la cuisine, où j’ai enfin pu apaiser un peu mes souffrance au doux sons des « Papa, j’ai faim ! Je veux une brioche avec du chocolat ! Moi des céréales au chocolat ! Moi au miel ! Moi je veux du lait et une compote !» que mes filles hurlaient depuis le salon sans sembler s’apercevoir qu’elles pouvaient se retrouver orphelines à tout moment (j’exagère à peine…).

En père modèle et dévoué (et souffreteux), je leur apporte tout ça et je file dans la salle de bains pour me mettre de l’eau sur la tête. Bon, ben j’aurais mieux fait de jamais croiser une glace ce jour là. Comment dire ? Pour une fois j’étais sacrément plus mystérieux que buriné (c’est rare). Le mystère : comment peut-on avoir des cernes aussi grands et aussi verts/noirs + comment peut-on être de cette couleur (teint tirant sur le vert olive avec une légère pointe de gris terne) ? Burinage : plus aucun, rapport au teint (cf : point précédent).

Tout ça sentait la journée de merde à plein nez. En plus, on avait un programme de malade mental, millimétré à la seconde, alternant ce que j’appelle des « missions » ( = trucs chiants pour les gosses, mais qu’il faut faire quand même) et des trucs cool pour les poupettes (étant à noter que dans les deux cas, c’est relativement gonflant pour moi). Ah tiens, il se met à pleuvoir, impeccable : de mieux en mieux. Ca va rendre la journée encore plus sympathique.

Grosses difficultés à habiller les poupettes. Y’a des jours où ça roule tout seul : elles adorent leurs fringues et elles les mettent toutes seules (merci petit Jésus) et y’a des jours où, non pas du tout, rien ne va : « Papa, j’aime paaaaaaaaaaaas ce pantalon, y me gratte, et le pull est moooooooooche et j’aime pas ces chaussettes elles me boudinent les mollets, c’est trop nul et je veux que tu m’aides à m’habiller ». Misère. Bilan des courses, alors que tout peut être torché en 5 minutes, là il m’a fallu ¾ d’heure pour les habiller (on s’rait de mauvaise humeur pour moins que ça). Il est 10h45.

Première mission : direction easy cash pour vendre mes 734 CD (je suis malheureux). Le mec me demande si je suis DJ. Je lui réponds que non pas du tout, je suis aventurier, option mystérieux et buriné qui plus est. Il me dit que j’ai pas l’air très buriné, mais que j’ai effectivement le teint mystérieux. Je le hais. Il m’annonce combien il me reprend mes 734 CD (après avoir passé une heure environ à les compter). Je le hais encore plus. 220€ (30 centimes le CD, je meurs). Mais bon, ça fera de quoi acheter des knackis pour les gosses. Gosses qui justement ont choisi de jouer à cache-cache dans les rayons en hurlant (les gens me regardent apitoyés ou méchamment, c’est selon). Elles percutent à peu près tous les vendeurs et font tomber une guitare. Qui ne se casse pas. Ca tombe très bien, je l’aurais eu assez mauvaise de devoir acheter une guitare cassée avec l’argent fraîchement gagné de mes 734 CD. Et Ô joie, à force de tout vendre chez eux (je m’étais déjà débarrassé de tous mes coffrets de séries pour la modique somme de 330€ - jamais enfants n’auront mangé autant de knackis…), j’avais des points fidélité et donc j’ai pu obtenir une mini-trousse de jardinage pour enfants (ah, ah, j’vais les faire bosser, moi, ces graines de vermine). Bon, ça c’était fait. Direction les courses maintenant que j’étais riche. Sauf que non, en fait. Histoire de me faire rater tout mon programme, les deux poupettes ont voulu aller chez Animalis (Un magasin d’animaux collé à easy cash).

Difficile de dire non, c’est le jour des enfants, le jour joyeux des enfants heureux. C’est parti. Il est 12h00. ¾ d’heure chez Animalis, c’est chiant soyons honnêtes (notamment compte tenu du fait qu’il y a en tout et pour tout 8 animaux – sans compter les poissons, mais tout de même ça fait peu). A chaque fois que les filles passent devant un animal, elles se sentent manifestement obligées de hurler son nom et de rajouter « c’est trop mignon ». (en hurlant) « OOOOOOOOOOOh regarde Papa, un lapin, c’est trop mignon ! » (mouaif, si on veut, ça a surtout l’air très con). Heureusement que j’ai vu un chinchilla coincé dans sa mangeoire, ça m’a bien fait rire (on a les joies qu’on peut et j’étais bon public ce jour là…). Les filles ont voulu acheter un perroquet (995€), deux chiens « pasqu’ils avaient l’air mignons et tristes » (1659€), deux serpents (230€) et une tortue (25€). J’ai dit non pour tout (faut pas déconner non plus), sachant qu’il me faudrait vendre 9700 CD chez easy cash pour financer l’achat desdits animaux. Autant dire que définitivement non. Et puis moi, sorti des tortues crocodiles, y’a aucun animal que je trouve digne d’intérêt de toutes façons. On quitte donc Animalis, il est 12h45.

Deuxième mission : on va faire les courses. Bataille entre les deux poupettes pour savoir qui va sur/dans le caddie. Ca se termine en : « personne va nulle part dans ou sur le caddie ». Bilan des courses, elles ont continué leur partie de cache-cache en hurlant. Fabuleux. Dernière fois que je fais mes courses avec mes gosses (en même temps je dis ça à chaque fois…). Je paie avec l’argent de mes CD (bouhouhou). On sort des courses, il est 13h30 et les poupettes ont faim (en même temps, je peux pas leur reprocher). Comme je suis riche, je leur dis qu’on va chez Mc Do. Direction le drive (bondé, putaiiiiiiiiiiiin), puis rentrage à la maison. Il est 14h15. Je suis grave à la bourre sur mon programme.

Fin du déjeuner à 15h00 (Margot mange à la vitesse d’un escargot trèèèès lent). Impeccable, ça, elles bouffent de la junk food à des heures pourries. Bah si j’en fais pas des grosses obèses dégueulasses, je veux bien m’appeler Gwendoline. Bref, on fait c’qu’on peut.

Attraction suivante : Emmaüs. Alors ouais, OK, je vous vois venir, vous allez me dire que c’est moyen funky Emmaüs comme attraction. Alors en fait pas du tout, c’est très bien. Sauf quand il y a un accident sur la route pour y aller et que la trois voies se transforment en une voie (tiens, on se croirait à Paris). « Papa, c’est nul, ça avance pas, tu peux pas aller plus vite ? ». Regard noir. Curieusement pas de relance de sa part (il faut dire que mon regard noir devait être sacrément noir, rapport à mes cernes). On arrive enfin chez Emmaüs. Il est 15h45. On file des trucs à l’annexe « dons » et on va à l’annexe « achats » pour acheter des trucs (pasque je suis riche aujourd’hui, des fois que ça soit pas clair encore, pour ceux du fond qui suivent pas près du radiateur). Les filles choisissent 450 jouets pour 2€ (c’est un des gros miracles d’Emmaüs) et après elles décident de reprendre leur partie de cache-cache pendant que j’essaie de leur trouver des fringues et des livres. J’ai beau les entendre hurler, je ne les vois pas. Je retrouve Margot, mais impossible de trouver Sasha qui a décidé de jouer au commando ninja en se glissant sous les portants (et en faisant tomber toutes les fringues au passage). Du coup j’arrive enfin à la choper. Impeccable.

Maintenant c’est Margot qui a disparu. Elle est repartie au livre pour trouver des livres Tchoupi. Je lui dis que non pas du tout, on ne part pas comme ça sans prévenir son Papa et on ne va pas chercher des livres Tchoupi, « surtout qu’on sait même pas c’que c’est Tchoupi comme bête » (lui dis-je). Elle me regarde l’air navré (mais vraiment comme si j’étais un gros teubé) et me dit « mais Papa, Tchoupi c’est un pingouin, on voit bien ». C’est vrai que vite fait, ça peut ressembler à un pingouin, mais en regardant de plus près, ça pourrait aussi être un ours, un koala sans oreille, un genre de chat sans queue… C’est pas bien clair tout ça. En tous cas, je me suis encore fait lamentablement avoir, Margot repart avec 10 Tchoupi (4€). Après on part de chez Emmaüs pasque bon (étant entendu qu’il a fallu aller rechercher Sasha qui s’était re-barrée dans les vêtements pour re-jouer au ninja). Il est 17h15.

Sur le chemin du retour on va acheter de l’essence, et on passe à la banque pour mettre sur mon compte ce qu’il me reste de liquide de la vente de mes 734 CD (bouhouhou –re). On arrive à la maison, il est 18h00. Margot est catapultée dans le bain pendant que je fais les devoirs de Sasha (je hais le CE1). Je laisse Sasha apprendre sa poésie, direction la salle de bains pour le shampooing du nain + sortie du bain. Je retourne voir Sasha pour finir ses devoirs pendant que Margot s’habille toute seule (l’autonomie est un des avantages majeurs quand les enfants grandissent). Fin des devoirs de Sasha, qui va maintenant prendre son bain (shampooing également, mais elle sait faire toute seule). Pendant ce temps, je cours entre le salon pour démêler les cheveux de Margot (avec du démêlant s’il vous plaît et lui couper les ongles des pieds et des mains) et la cuisine pour faire le repas des monstresses (un melon pour Margot, un pamplemousse pour Sasha, du poisson au gingembre-citron pour Sasha, des nuggets pour Margot, des pâtes alphabet pour Margot, du riz basmati pour Sasha, et, ô miracle, un dessert commun – l’important c’est surtout qu’elles n’aient quasiment aucun goût en commun). Le dîner est prêt, Sasha est sortie du bain et habillée. Il faut passer au démêlage (elle hurle à la mort, j’ai l’impression de la décapiter avec une petite cuillère – elle est définitivement plus sensible du cheveu que sa sœur). Elles finissent de manger et vont jouer ensemble (sans se pouiller – miracle !). On va coucher Margot (après 5 histoires). Il est 20h30. Sasha peut rester en bas ½ heure de plus. Sasha part au dodo. Elles chantent ensuite toutes les deux pendant deux heures en rigolant, sortant de leur lit, courant dans la chambre l’une de l’autre… Ma crampe au mollet me reprend. Les deux filles s’endorment enfin. Il est 23h00. On a beau dire, ça fait des longues journées… Margot fait un cauchemar à 1h00, je pars la rassurer et je m’endors comme une merde dans son lit, la tête dans ses peluches.

Pas fâché que la journée soit finie… journée joyeuse des enfants heureux mon cul ! Mercredi prochain je les colle devant la télé toute la journée et si elles me gonflent, j’arrive avec mon déguisement au milieu du salon et je leur balance que le père noël c’est moi ! Alors c'est vrai que père au foyer, ça a plein de bons côtés, mais pas que quand même... Il fallait vraiment pas qu'un pote m'appelle ce jour là en me disant "t'as trop d'la chance, tu bosses pas et tu peux profiter de tes deux filles, c'est super épanouissant". Pasque niveau épanouissement, j'avais connu mieux que ce jour là précisément. Même si heureusement tous les mercredis ne se ressemblent pas ! (et puis y'a les samedis pour diversifier aussi).

Quoi qu’il en soit, je ne remercierai jamais assez ce sacré Charlemagne d'avoir inventé l’école (une bien riche idée) et laissé du coup un peu de répit aux pauvres pères au foyer sans défense. Par ailleurs, si quelqu’un peut me dire ce que c’est que Tchoupi, je suis preneur ! 

Merci les gens, SEE YOU NEXT TIME et d’ici là, STAY TUNED. T.

3 commentaires:

  1. T'choupi est, selon wikipedia notre maître à tous "un jeune garçon aux allures de manchot" !
    Et là, force est d'admettre que l'auteur est sacrément con de le faire aux allures de manchot plutôt qu'aux allures de garçon, soit l'auteur ne sait absolument pas dessiner et est donc sacrément con d'en faire son métier.
    Le succès du sus-cité T'choupi nous fait conclure qu'on a beau être sacrément con, on peut néammoins réussir dans la vie !
    Franchement, ça me laisse perplexe !

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  2. J'ai d'abord beaucoup ri en lisant ton message. Par contre en le relisant, je me demande jusqu'où la maxime finale "on peut réussir dans la vie même en étant un gros con" m'est destinée ou pas. J'ai comme un doute. Du coup je ris beaucoup moins soudainement. Serait-ce une basse vengeance vs la panoplie de fée magique total look princesse pute ?

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  3. non non, aucun sens caché : je parlais bien de l'auteur et graphiste de notre ami (ou pas) T'choupi !

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