vendredi 14 septembre 2012

33. Les dents de la peur.


> Ah, ah, voilà un post qui fleure bon le burinage et le mystère !

Tout a commencé quand j’avais 4 ans et que j’étais encore à la maternelle des aventuriers mystérieux et burinés (autant dire que j’étais pas bien buriné, ni très mystérieux, c’est venu beaucoup plus tard). A part le fait que j’avais comme copains sur les bancs de l’école Lara Croft (putain, j’aurais dû garder son number) et Indiana Jones, mon quotidien n’était pas très aventureux.

Jusqu’à cette fameuse soirée.

Mes parents étaient sortis (j’avais toujours 4 ans) et j’étais donc gardé par une baby-sitter. Ce soir là, les dents de la mer (premier du nom) passaient à la télé. Ma baby-sitter, que je soupçonne aujourd’hui d’avoir gagné sa vie à l’époque comme baby-sitter le soir et serial-killer sociopathe la journée, n’a rien trouvé de plus judicieux que de me faire regarder ce film avec elle. Soyons clairs, il est très sympa ce film, mais à 4 ans, mes gènes d’aventuriers étaient encore salement embryonnaires et j’ai flippé ma race comme un gros rat mort (Ahhhhhhhhhh, cette jambe ensanglantée qui tombe au fond de l’eau au ralenti… Elle hante encore mes cauchemars à l’heure où je vous parle). 

Cette soirée a bien sûr eu des conséquences sur ma vie d’adulte. J’ai développé au cours des années ce qu’on pourrait appeler un rapport fascination/répulsion envers ces grosses bêbêtes, pasque qu’elles sont sacrément fascinantes malgré tout, mais quand même pas mal freaky aussi.

Aujourd’hui par exemple, j’ai très peur de la mer (heureusement que je suis aventurier et pas pirate) : si l’eau est trop claire je flippe pasque je me dis que je vais voir arriver mon ami carcharodon carcharias (alias le grand requin blanc), et si l’eau est très sombre (ambiance : on voit rien à 20 cm), je flippe aussi de me faire choper par surprise par le même ami. Autant dire que c’est toujours un grand moment de bonheur quand je vais à la plage avec mes filles (même si je conçois bien que la probabilité d’un grand requin blanc dans les mers sud-finistériennes est assez faible). Le problème, c’est que je me suis documenté sur le sujet. Du coup j’ai découvert que la zone de chalandise du grand requin blanc allait THEORIQUEMENT jusqu’à la Bretagne (merci J.Y. Cousteau). Quand on sait qu’un requin peut attaquer un être humain (ou une être humaine) à quelques mètres seulement du bord de la plage, vous comprendrez à quel point cette phobie est handicapante pour un aventurier buriné de ma trempe. Surtout que j’ai découvert également qu’il y avait plein d’autres copains requins qui pouvaient être au moins aussi féroces, voire plus rapides ou plus vicelards que le grand blanc. Impeccable.

L’avantage de la documentation (en un sens), c’est que je suis capable d’identifier la plupart des requins connus. Je ne mourrai donc pas de peur si je croise un requin baleine ou un requin pèlerin de 18m, puisque je sais qu’ils ne mangent que du krill (ces pitites crevettes roses microscopiques ridicules) et que jusqu’à nouvel ordre, il faudrait qu’ils soient sacrément aveugles pour me confondre avec une mini crevette rose – je suis bien plus gros, bien plus buriné et beaucoup moins moustachu qu’une crevette (ceci étant, vue ma chance légendaire, ne préjugeons de rien…). Bon, par contre, si je croise un requin taureau, un requin tigre ou un mako, je ferai moins mon malin (surtout si je les croise en même temps, ce qui s’rait vraiment pas d’bol vous en conviendrez).

Ce traumatisme d’enfance, doublé manifestement d’un léger côté maso, fait par ailleurs que je suis aujourd’hui un grand fan de films de requins (= de films pourris de requins (pléonasmes ?), car soyons clairs, il n’existe que des nanars sur le sujet, tous plus ou moins (mal) repompés sur les dents de la mer – cette franchise s’étant d’ailleurs elle-même auto-sabordée au fil des numéros, le n°4 étant un des films les plus pathétiquement drôles que j’ai jamais vus). Du coup, on s’est fait avec Alex quelques séances « films de requins » la semaine dernière. Pour vous éviter une perte de temps inutile (au prix du temps, en plus), vous trouverez ci-après pitch, impressions et moments cultes de chacune de ces bouses.

1/ On a mis la barre très haut pour le premier : Les Dents de la Plage.
[Sand sharks en VO]. Rien que le titre (français) est drôle !

PITCH : Jimmy Green, de retour dans la région balnéaire où il a passé sa jeunesse, n’y est pas le bienvenu. Ce bouffon prétentieux y a laissé trop de mauvais souvenirs. Seul le maire (qui est accessoirement son père), au début un peu échaudé par le personnage mais finalement séduit par ses mirobolantes promesses, lui accorde une relative confiance. Le but de ce magouilleur volubile est d’organiser sur la plage une mega beach party, une fiesta colossale, apte à faire pâlir de jalousie les organisateurs du spring break de Cancun. Et rien ne pourra l’empêcher de réaliser son projet. Pas même l’arrivée d’une bande de requins préhistoriques aussi à l’aise dans les eaux que... sous le sable ! Un tremblement de terre au fond de l'océan a en effet créé un gouffre et libéré plein de (pas) gentils prédateurs préhistoriques.

IMPRESSION GENERALE : Le scénario reprend grosso modo celui des Dents de la Mer, allant jusqu’à récupérer certaines de ses séquences clés et de ses personnages pour en faire des composantes parodiques. On retrouve donc le personnage du shérif, du vieux loup de mer, du professeur en biologie marine, du maire vénal et, pour ce qui est de l’environnement, une station balnéaire ne pouvant voir sa saison estivale mise en danger par des éléments extérieurs. Cependant, comme cela ne leur suffisait pas de transformer le prof interprété par Richard Dreyfuss en une bimbo « biologiste marine » en poum-poum short (Brooke Hugan, la fille de Hulk (pas le gros vert, le méchant catcheur), crédible comme un pot de miel) et le chef Brody en flanby en uniforme, et craignant probablement de manquer d’originalité en utilisant un grand blanc traditionnel, cette petite bande de plaisantins de producteurs ont misé sur un squale préhistorique ayant une faculté extraordinaire: celle de pouvoir se mouvoir… dans le sable, donc (mais quelle riche idée que voilà).

C’est la mâchoire tombante de stupéfaction (souvent accompagnée d’un incontrôlable fou-rire) que le spectateur découvre cet incroyable animal. Tout d’abord partiellement, via un aileron traçant un sillon dans le sable puis, rapidement, par un plan furtif où un horrible tas de pixels doté d’une mâchoire démesurée jaillit du sol comme le ferait de l’eau un dauphin de Marineland et enfin, totalement, nous laissant découvrir la véritable apparence de ces monstruosités (dans les deux sens du terme) numériques. S’en suit alors une succession d’agressions sanglantes, toutes absolument foireuses car modélisées et texturées à la truelle. Un aspect cheap amplifié par l’environnement, composé par une succession de plans shootés sur diverses plages (sans aucun raccord, bien entendu) et une «mega party beach» se traduisant par trois tentes, un main stage de 10 m² avec une DJ-ette toute pourrite et une poignée de figurants en shorts et bikinis en guise de gigantesque foule (y sont 25 tout au plus).

Bon évidemment, on imagine que tous les gens ayant participé à la conception de cette infamie sont conscients de l’ineptie de l’œuvre, la démarche choisie étant clairement celle de la comédie potache. Gags débiles, répliques stupides, grimaces et effets comico-gore sont donc au programme de ce film qui se revendique comme une grosse blague fun et ensoleillée (mais alors une grosse blague vraiment nulle). Le problème c’est que c’est tellement nul que la plupart du temps, on s’emmerde comme des rats morts au lieu de rire de ladite nullité, notamment lors des longues séquences de dialogues entre les principaux protagonistes, qui n’intéressent personne (ni les longues séances de dialogues, ni les personnages).

L’organisateur de la pseudo-fiesta du siècle, en fait des tonnes dans ce rôle d’un ambitieux promoteur de spectacles complètement hystérique. Il est d’ailleurs l’élément central de la séquence la plus réjouissante (et la plus gore!) du film, quand il essaie de rafistoler sa copine coupée en deux - au niveau de la taille - en se débattant avec ses intestins. A coté de cela, l’amateur de nanar pourra s’amuser également de la nullité des explosions numériques, de cette poignée de figurants tournant en rond sur la plage pour simuler une panique, d’une séquence d’autopsie parodiant (involontairement) les Experts et d’une ville immense coupée d’alimentation en courant parce qu’un requin a bouffé un câble de 10cm² de section sur la plage.

Absolument nul, Sand Sharks ne vaut le coup d’œil que pour son idée de base, bien délirante. Les amateurs de nanars pourront éventuellement s’amuser de quelques gags potaches réussis, bien trop rares pour faire de cette bouse autre chose qu’une curiosité foireuse. Ah, si, j’oubliais, un dernier poncif du genre, lorsque la pouffe-biologiste marine en poum-poum short va voir le shérif pour lui dire : « Shérif, c’est affreux, la dent que nous avons retrouvée sur la plage (et qui faisait déjà tout de même 20 cm de long), c’est une dent de bébé » (3615 : il y a plein d’autres bébés et surtout il y a une grosse maman dans le coin et elle est probablement pas très bien contente). Voilà.

2/ Deuxième tentative : L’attaque du requin à deux têtes.
[2-headed shark attack en VO]

PITCH : Un professeur et ses étudiants font une expédition en haute mer. Le bateau heurte soudainement le cadavre d’une créature marine chelou, ça fait plein de sang partout dans les hélices du bateau et ce sang attire, je vous l’donne en mille, LE requin à deux têtes (qui traînait comme de bien entendu dans le coin en attendant que des gros cons pointent le bout de leurs nez). L’embarcation prenant l’eau, le professeur Babish et ses élèves décident de se rendre sur une île abandonnée qui se trouve justement à deux mètres de l’endroit où leur bateau coule pour chercher de quoi le réparer. Or, croyez le ou pas, de violentes secousses sismiques menacent l’île d’être engloutie à tout moment par l’océan (comme de par hasard, elle était construite sur du corail qui se désagrège au cours du film) et le requin à deux têtes ne pense de son côté qu’à s’attaquer aux joyeux naufragés (qui sont de moins en moins joyeux plus le film avance, et de moins en moins tout court d’ailleurs).

IMPRESSIONS : Le studio qui produit le film a la mauvaise réputation (avérée) de produire des œuvres de qualité médiocre, sous-produits de films à succès : l’objectif est clairement de faire le maximum de fric en jouant sur la naïveté des gens (comme moi). C’est pour cette raison qu’il utilise quelques noms célèbres, beaucoup de jolies filles en bikinis et un monstre jamais vu auparavant, histoire de tenter de nous faire oublier la pauvreté du scénario (raté).

La visite sur l’île est longue et ennuyeuse. Heureusement, il y a quelques scènes de morts assez drôles, et copieusement gâchées qui plus est par des effets spéciaux de basse qualité (c’est encore plus drôle). Rendu à la moitié du film, on a vraiment hâte d’être déjà au générique de fin (jamais très bon signe, ça). Par chance, arrivé au cap des 30 dernières minutes du film, la tension et le rythme augmentent (toutes proportions gardées). Yahouuuuuuuuuuuu !

Je rassure tout de suite les adeptes de la « majestueuse » Carmen Electra, tête d’affiche du film, elle est bien présente (15 minutes environ, mais ça suffit pour se faire une idée sur ses qualités de comédienne et les raisons qui l’ont faites se retrouver là). Elle joue la femme du professeur Babish. Dans le film elle est supposée être docteur (alors que sa prestation fait plutôt penser – sans grande surprise - à un rôle de grosse pute). On sent bien qu’elle a pas fait l’actor studio depuis qu’elle a arrêté BAYWATCH. La scène où elle se fait bronzer en bikini jaune sur le bateau est juste une des scènes les plus drôles du film (pas désagréable ceci dit) puisque pendant que tout le monde se fait plus ou moins bouffer par le requin à deux-têtes, elle se oint le corps lascivement d’huile solaire, fait bouger ses cheveux dans le vent de droite à gauche au ralenti, fait des mimiques de grosse salope avec sa langue et sa bouche, et s’auto-pelote les seins (refaits) pendant 15 minutes (étant entendu que son mari est sur l’île pour essayer de sauver ses étudiants - il faut bien qu’elle s’occupe la pauvre). Par contre, quand son mec rentre blessé de l’île, elle trouve pas de pansement, et elle dit « je sais vraiment pas quoi faire, désolé mon amour ». Bref, merci d’être passée !

Brooke Hogan (la fille du célèbre lutteur Hulk Hogan, donc) mérite amplement le titre de personnage principal. Ironie du sort, c’était déjà elle l’héroïne principale de notre précédent film sur les requins (les dents de la plage). Autant dire qu’elle doit avoir un joli CV à base que de films de requins. Ce qui est dommage (pour elle et pour nous) c’est qu’elle a la palette d’émotions de Chuck Norris et le charisme d’une moule croisée avec Steven Seagal. Par contre, elle a toujours son poum-poum short (ce qui est plus « crédible » dans ce film que dans le précédent). La suivre dans sa survie contre le requin à deux têtes est une pénible épreuve pour le spectateur (réellement) (à part son poum-poum short). Par contre, je dois dire qu’on éprouve une certaine satisfaction chaque fois qu’elle frappe un de ses congénères, ce qui arrive assez fréquemment, particulièrement un personnage de petite conne hystérique insupportable (gniark gniark).

Au final, 2-Headed Shark Attack n’est définitivement pas très bon (des fois que ça soit pas clair encore). Je partage quand même avec vous la réplique culte du film (dite par je ne sais plus laquelle des connasses en bikini)  « Un requin à deux têtes ? Mais c’est horrible, ça fait au moins deux fois plus de dents ! ». Voilà.

3/ Troisième essai : Killer shark, votre prochain cauchemar...
[Swamp shark en VO]. Le film de trop.

PITCH : En Louisiane, durant les festivités du Gator Fest, un requin vient semer la terreur. Pas question d'annuler la fête pendant cette manifestation, qui a un gros impact sur l'économie de la région. Cette fois-ci, le requin de service sévit dans les eaux douces d'une petite communauté. Un shérif, une femme et un autre type qui ne sert strictement à rien, vont devoir affronter THE créature sur fond de malversations et de trafic d’animaux exotiques.

IMPRESSIONS : Ce n'est pas nouveau, le genre requin et crocodile est de retour depuis quelques années. Faut-il s'en réjouir ? Réponse: non !

En dehors de cela, pas grand chose à signaler si ce n'est que le requin dévore les crocodiles du coin et a un appétit démesuré. A noter aussi qu'il peut effectuer quelques sauts impressionnants pour attraper ses victimes. L'histoire est particulièrement chiante. Même chose pour les acteurs.

En vérité, le plus gros problème vient du requin lui-même (emmerdant, ça pour un film de requins). Premièrement, le monstre tarde à montrer le bout de son museau. Il faut donc prendre son mal en patience pour voir une première attaque. Ensuite, les effets spéciaux et visuels sont vraiment d’une tristesse abyssale. Le requin est évidemment réalisé en images de synthèse datant de la Préhistoire. Toutefois, la fin, franchement grotesque, vaut à elle seule le visionnage de ce chef-d’œuvre (pour les gens qui n’ont vraiment rien à faire pendant 90 minutes). Le film le plus chiant à ce jour. Pas de gore, pas de cul, même pas d’humour huitième degré. Tout pourri.

4/ 4ème et dernier visionnage à date : Shark 3D.
Le titre est sobre, ça peut le faire… (en fait non, pas du tout).

PITCH : Au soleil de l’été, Sara et ses amis sont bien décidés à passer un week-end de pur fun sur une petite île privée d’un immense lac salé de Louisiane. Pourtant, lorsque Malik, le jeune footballeur vedette, sort d’une séance de ski nautique inconscient avec un bras en moins, l’ambiance n’est plus à la fête (forcément, ça casse un peu l’ambiance, surtout que sa meuf qu’il voulait demander en mariage s’est faite bouffée pendant ladite séance de ski nautique).

Convaincue qu’il s’agit d’un accident (y sont vraiment pas futés), la petite bande embarque sur un speedboat afin de conduire le blessé à l’hôpital de toute urgence, mais les jeunes gens vont vite s’apercevoir que le lac est infesté de requins ultra agressifs. Pour Sara et les siens, face à des prédateurs prêts à tout pour qu’aucune proie ne leur échappe, c’est le début du cauchemar. Assiégés, piégés, dévorés, terrifiés, très peu reverront la terre ferme… (Aucun en fait, puisque la scène finale laisse peu d’espoir à ceux que nous pensions être les deux seuls survivants).

IMPRESSION : Sans doute le moins nul des 4 films, même si le pitch à l’air nunuche. En fait, en filigrane, il y a une bande de gros rednecks dégueulasses qui font des snuff movies à base de requins (qu’ils élèvent, munissent de caméras et lâchent quand bon leur semble sur qui ils veulent). Bon, ça n’en fait pas un bon film non plus, hein, faut pas déconner, mais y’a un genre d’embryon d’idée novatrice… (vite fait).

Voilà, maintenant les requins me font rire. Super idée que ce marathon sharks movies ! Je cours de ce pas finaliser ma thérapie en regardant Mega-Shark vs Giant Octopuss et sa suite : Mega-Shark vs Crocosaurus (de grands moments de cinéma en perspective !).

Vivement que la saison 3 de Game of Thrones reprenne ! Stay tuned les poulets et portez vous bien, T.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire