lundi 30 avril 2012

00. Un peu de dépaysement ne peut pas nuire à l’intelligence.


Welcome on board les gens ! Comme je m'ennuie sacrément par cette sympathique journée de pluie (225ème journée de pluie consécutive environ), j'ai décidé d'avancer un peu la parution du premier post. C'est ça aussi être un aventurier des temps modernes : bousculer l'ordre établi (tu parles d'un fait d'arme).

Bref, l’aventure commence en Septembre 2005 (ça nous rajeunit pas, j’étais beaucoup plus jeune, mais tellement moins buriné et mystérieux qu’aujourd’hui).

Here we go. (le paragraphe qui suit est relativement chiant mais il faut bien poser les bases alors vous êtes gentils, vous le lisez quand même, vous comprendrez mieux la suite avec que sans - sinon vous passez direct au suivant, à vos risques et périls - très relatifs je vous l'accorde...)

Après une enfance et une adolescence passées à Paris, des études à Lille et un enchaînement de tafs Marketing parisiens dans plusieurs boîtes plutôt pas mal sur des marques qui n’ont rien à envier à personne (à part aux marques meilleures qu’elles), j’ai finalement atterri chez ABSOLUT, la marque de mes rêves qui m’aura, soyons honnêtes, mené à ma perte (méfiez vous des rêves, y sont parfois traîtres). Les grosses journées de taf, les soirées tous les soirs, le stupre et la luxure, l’alcool et tout le reste à volonté, le festival, toute cette pression… Sur le papier, j’en conviens, ça fleure bon le boulot de rêve (surtout que j’avais une équipe de ouf, au-dessus et en-dessous), mais dans les faits j’ai pas trop bien géré d’un point de vue perso (doux euphémisme). Et aussi j’ai trouvé une amoureuse et je me suis dit que j’avais envie de construire intelligemment ma vie plutôt que de finir comme Loana ou Lindsay Loan (les connaisseurs apprécieront). Une démission et deux désintox plus tard, me voilou (relativement) tout neuf et tout frais, prêt pour un nouveau départ. J’ai donc décidé de quitter Neuilly-sur-Seine (la banlieue rouge : la seule, la vraie, la dangereuse jungle urbaine, 9-2 ouaich forever) où je vivais et de m’exiler dans ma maison de vacances au fin fond du Morbihan - d’abord pasque c’était propice à un retour aux sources et puis aussi (on peut être aventurier et pragmatique), pasque ça me coûtait rien en loyer. [Comme je suis parti « juste » avec un solde de tous compte et sans Assedics, c’était pas dommage du coup…]. Pour quelqu’un qui a eu 0/20 à tous ses cours d’aventure depuis le début de sa naissance, vous conviendrez que c’est quand même pas mal.

Bilan des courses : Paie ton dépaysement de sa mère la pute !
(Excusez l’expression, c’est du vocabulaire d’aventurier – Guide de l’aventurier, Edition 1993, chapitre 1).

Après un été « normal » où famille et potes se sont succédés dans la maison, je suis donc resté seul fin août au moment où tout le monde retournait à sa vie parisienne. C’est à ce moment-là, quand tous les touristes se cassent d’une part et qu’on se retrouve seul avec les locaux d’autre part, qu’on commence à se rendre compte des vraies différences entre la capitale et le trou du cul du monde.

La première grosse différence qui vous saute à la gueule (enfin qui m’a sauté à la gueule), c’est le silence et l’obscurité. Point de « vroom vroom » nocturnes qui vous bercent ou de jolies lumières artificielles et rassurantes de lampadaires. Nada. J’étais juste seul à regarder rien (on voit rien dans le noir, c’est prouvé) et à entendre rien non plus. Du coup, bah comme je suis un p’tit peu un aventurier (vous l’aurez compris), je me suis fait des tonnes d’histoires nourries de psychoses (et aussi de névroses tant qu’on y est) toutes à base de serial-killers hyper pas cool (si tant est qu’il existe des serial-killers hyper cool) qui auraient choisi mon hameau comme boucherie locale (ce qui serait quand même pas d’bol vous en conviendrez). Ils arpenteraient bien sûr l’unique route près de ma maison en marchant lentement - pour plus de suspense - et en traînant leur hache toute rouillée et pleine de tétanos sur le sol, avec un bruit pas très sympa. Ca marche aussi avec une tronçonneuse ou une ponceuse électrique (j’ai inventé des variantes). Pendant les 15 premiers jours, j’étais à 65 sur l’échelle de la trouille qui va de 0 à 10. Après j’ai apprivoisé mon nouvel environnement, comme un vrai aventurier solitaire lonesome-cowboy-même-pas-peur (mais je dormais quand même avec une batte de base-ball, on est jamais trop prudent). Sinon j’avais également des bêtes dégueulasses qui faisaient des claquettes dans mon grenier la nuit au dessus de ma chambre et le long de mes murs (« tapitty, tapitty » ça faisait) (on m’a dit que c’était des rats fruitiers… j’ai comme un gros doute (ou alors on leur a donné un nom complètement con et dénué de sens pasque y’a pas l’ombre de la queue d’un fruit dans mon grenier), mais je préférais ça plutôt que d’imaginer que le psycho-killer de mes cauchemars se baladait joyeusement la nuit avec sa hache au-dessus de ma tête).

Quelques points positifs sinon :

- Le déménagement m’a fait des muscles (et des courbatures) (et du coup j’ai découvert des muscles dont je ne soupçonnais même pas l’existence chez moi – ni chez personne d’ailleurs).
- La nature est un spectacle assez merveilleux quand on est un citadin pur souche : j’ai vu un hérisson, un crapaud et deux mulots. Les oiseaux me réveillent (j’ai prévu un bon stock de briques pasqu’ils ont pas bien compris encore le concept de « merci de me réveiller vers 11h00, pas vers 6h00 », c’est pas comme si je bossais à l’usine non plus). J’ai découvert aussi que la nature était pas toujours bien faite : par exemple, l’heure à laquelle les lapins vont se coucher dans leur T4 douillet, fatigués d’avoir sautillé toute la journée comme des gros cons, et ben c’est la même heure à laquelle la chouette se réveille, sachant qu’elle a manifestement pas du tout compris que si elle veut manger des lapins, il faut qu’elle se lève plus tôt. Je ne parle pas de mes « amies » les taupes, elles feront l’objet d’un post ultérieur…
- La boulangère passe dans mon village deux fois par semaine (dans un vieux van qui ressemble à la Mystery Machine de Scooby-Doo mais en beaucoup moins funky). Elle ressemble pas vraiment à Pamela Anderson (évidemment, faut pas rêver non plus, y’avait peu de chances…) et son pain est dégueu, mais les jours où on a la flemme, c’est quand même pratique (et ça fait un genre de lien avec le monde extérieur – maigrelet par la qualité, mais bon, je suis pas en mesure de faire la fine bouche)
- Pas de bouchons sur les routes, je suis le plus rapide de la région avec mon AX 4x4 (ce qui est quand même un comble quand on sait que ma voiture, Pichu c’est son nom, roule maxi à 90 km/h et ça c’est dans les pentes et le vent dans le dos). Et pas de problème de parking non plus. Très nouveau ça : où que j’aille, je suis sûr de trouver une place pour me garer.
- Les gens sont gentils et souriants (ça change de Paris – no offense) (mais ils sont petits, très rouges (ou avec des petites veines rouges partout sur la tête) et sentent le poney mort – genre « tiens, si je mettais du parfum sur de la crasse froide de deux semaines qui a eu le temps de moisir dix fois ? »).
- Il y a un tatoueur à 5 km (ça peut toujours servir) + ouverture prochaine d’un kebab !
- Brocéliande et ses légendes à 10 km. J’irai probablement jamais, mais j’aime bien me dire que je pourrais me perdre dans une forêt mystérieuse et burinée comme moi, pas comme cette vieille merde de forêt de Rambouillet pas du tout mystérieuse, ni burinée.
- Les journées sont plus longues et l’air est (relativement) plus pur. En fait « pur » est pas forcément le bon terme, tant il est vrai que les effluves de purin de porc dégueulasse sentent sacrément du cul et qu’on en vient du coup quelquefois à regretter les bonnes vieilles odeurs de gaz d’échappement, de pisse de chien et de goudron chaud propres à la capitale. Je sais d’ailleurs pas du tout quels sont les effets du purin sur la santé (il faudrait que je me renseigne peut être ?). En tous cas, ça burine sacrément la gueule quand le vent souffle…

Quelques pistes d’améliorations également (faut pas rêver, tout n’est pas mieux qu’à Paris) :

- Après deux mois de lutte acharnée (pas moins), j’ai enfin une connexion internet chez moi ! Bon, évidemment, c’est une connexion (très) bas débit (56 ko, avec le bon vieux modem des familles qui fait des bruits de vieux fax enrhumé). Good news, donc, même si je dois dire adieu à mes habitudes de téléchargements pirates (juste quand toutes les séries US reprennent… le bad…). Bref, sur le principe j’ai quand même signé une pétition pour avoir l'ADSL dans mon bled, mais il n'y a que 18 signatures pour le moment et il en faut 100 pour que nos amis de France Télécom daignent ouvrir un accès un jour...
- Il fait –18°C au rayon yaourts de mon Leclerc (très gérable, mais comme tout aventurier buriné et mystérieux qui se respecte, je sais que parfois seul mon matériel pourra me sauver la peau : il faut donc quand même que je pense à prendre mon bonnet en laine à chaque fois que je vais faire mes courses).
- J’ai 6 chaînes TV théoriquement… (En fait 4, quand y a pas de vent) … (En fait 1 seule de garantie, tous temps confondus…). C’est pauvre, on a beau dire.
- Il y a un genre de mygale sous mon micro-ondes (elle s’appelle Helmut). Je suis pas hyper fan.
- Les commerçants parlent tout le temps beaucoup, longtemps et pour dire des trucs pas du tout intéressants. On dirait qu’y z’en ont juste rien à foutre de faire du bénéf… C’est chiant quand c’est à ton tour (j’ai pas du tout envie de faire copain-copain avec la boulangère par exemple, aucun aventurier digne de ce nom ne fait ça) et c’est chiant quand tu attends ton tour pasqu’y’a des queues de 45 km devant chaque boulangerie. Mais les boulangères, elles s’en foutent comme de leur première culotte et elles parlent avec madame Michut de la pluie, du beau temps, de « c’est la faute des soviétiques et de leurs satellites », de « comment va le p’tit dernier », de « oh quels jolis souliers ! Vous les avez achetés où ? », etc, etc… Et puis les autres servantes boulangères, au lieu de faire le service à la place de leur connasse de boss qui fait des RP de bas étage (elles sont a priori un p’tit peu payées pour ça quand même), et ben elles participent à la conversation plutôt. A Paris, je pense que n’importe quel client lambda les aurait abattues à coup de pelle dans leur gueule pour montrer fermement mais poliment son désagrément. Comme j’essaie de m’intégrer, moi je les tape pas avec des pelles (mais c’est pas l’envie qui m’en manque croyez le bien !).

Bref, du bon, du moins bon, mais le moral était alors au top...

Je savais que j'avais bien fait de prendre cette décision et que quoi qu'il arrive, j'avais besoin de cette coupure. On verrait bien ce que ça allait donner, je me laissais 6 mois. Le seul truc vraiment dur c'étais de vivre avec une enveloppe budgétaire « fermée » qui n'arrêtait pas de diminuer... et aussi l’autre truc vraiment dur, c’était les voisins (je l’avais pas vu venir celle là).

TO BE CONTINUED…

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