lundi 11 juin 2012

24. J’adore les chats (PART III/III) (surtout le mien) (surtout en paupiette).

Nous voici donc arrivés au terme de la trilogie sur ma chatte (y’a pas à dire, j’ai vraiment le sens de la formule). Même les meilleures choses ont une fin. Une fois n’est pas coutume, je vais commencer par la révélation finale comme dans un bon vieil épisode de Columbo : j’ai ENFIN réussi à extraire l’utérus de la chatte de ma femme (j'ai vraiment du mal à me défaire de ce sens de la formule - le sujet est sensible en même temps). Dit comme ça, on a l’impression que ça a été trop simple, alors qu’en fait pas du tout. Ca a même été un genre de bon gros parcours du combattant cette connerie !

Alors évidemment, comme tout bon aventurier mystérieux et buriné que je suis, vous vous dites que je lui ai arraché l’utérus avec les dents. Mais en fait non. Je trouvais ça sacrément dégueulasse (déjà que j’avais jamais réussi à tuer moi-même ses morpions de gosses…) : il était pas question du tout que je lui bouffe le cul et tout le reste et que je me retrouve avec un mélange de chair et de poils et d’autres trucs dégueu dans les dents - j’ai les dents du bonheur certes, mais je suis sûr qu’y y’a plein de trucs qui seraient restés coincés quand même et le concept me plaisait assez moyennement. En plus c’était sûrement un coup à choper une gangrène de la langue ou la peste bubonique ou une autre maladie extrêmement fatale. Je me suis également posé un temps la question de l’extraction à la petite cuillère, mais ça semblait peu avenant également et quelque chose me dit que ça l'aurait un peu picoté et qu’elle se serait pas forcément laisser faire sans réagir (elle est très agile AUSSI des pattes arrières).

Du coup, je me suis résigné à lui faire enlever son utérus de manière tout à fait conventionnelle, et par un professionnel qui plus est (un vétérinaire ça s’appelle – comment peut-on vouloir faire ce métier ?). Ça tombait bien, il y en avait un sur la route pour aller chez B*nduelle (j’étais encore un jeune cadre dynamique avec un emploi à cette époque). Le plan était pourtant simple (sur le papier) : la laisser le matin avec un utérus et la récupérer le soir sans utérus. Impeccable !

Bon, le plan s’est d’abord déroulé sans accroc - Sauf qu’il a fallu s’y mettre à 2 pour l’enfermer dans sa cage de transport et qu’elle a passé les 20 minutes du trajet en voiture à essayer de me massacrer la cuisse droite à coups de griffes (j’avais eu l’excellente idée de la mettre devant, côté passager. A ma décharge, c’était la place du mort et j’espérais sans doute inconsciemment un miracle avant d’arriver à la clinique vétérinaire…). J’arrive enfin à ladite clinique et je pose la saloperie encore dans sa cage sur le comptoir en demandant à la gentille madame de l’accueil s’il serait possible de lui retirer son utérus dans la journée sivoplé merci et qu’ça’saute !

Gentille madame de l’accueil : « Bien sûr Monsieur, comment s’appelle votre chatte » 
Moi (qu’est ce que ça peut bien vous foutre ?) : « C’est pas ma chatte, et elle s’appelle Zoé »
Gentille madame de l’accueil : « Et son nom de famille ? »
Moi : (Pardon ?) « Elle en a pas. Je l’appelle « la pelure », mais je sais pas si ça compte… »
Gentille madame de l’accueil : « Nous sommes un établissement sérieux Monsieur et c’est une intervention non négligeable, quel est votre nom de famille ? »
Moi : « XXXXXX »
Gentille madame de l’accueil : « Et ben voilà, vous voyez, c’est pas si difficile, elle s’appellera donc dans nos fichiers Zoé XXXXXX (are you kidding me, cette infamie porte désormais mon nom de famille ?!). Avez-vous des coordonnées téléphoniques ? (je lui donne) Et ceux de votre femme si on arrive pas à vous joindre ? (je lui donne aussi). Quel âge a-t-elle ? (je lui dis « trop vieille » : ça la fait pas rire du tout). A-t-elle un Carnet de santé ? (je rigole pendant 2 heures).  A-t-elle ses vaccins à jour ? (je rigole pendant  4 heures) ».

Après j’y vais quand même pasque j’ai un taf et pas que ça à foutre non plus (et je dois avouer que les cliniques vétérinaires me mettent mal à l’aise). Je repars donc le cœur léger au travail en me disant que je récupérerai le soir une chatte stérilisée et que ça sera pas dommage. Sauf qu’à peine arrivé au bureau, je reçois un coup de téléphone… (je vous le donne en mille) de la clinique, comme de par hasard.

Vétérinaire : « Bonjour Monsieur ! C’est le vétérinaire qui s’occupe de votre chatte »
Moi : « C’est PAS ma chatte, c’est celle de ma femme »
Lui : « Je viens de faire un examen clinique préliminaire (et pourquoi donc ? On vous demande de lui enlever son utérus, pas de voir si elle va bien), et il s’avère que votre chatte (c’est PAAAAAAAAAAAAAAAAS ma chatte bordel) a l’œil terne et les muqueuses sèches (je ne veux même pas savoir quel(s) examen(s) il a bien pu pratiquer pour découvrir qu’elle avait les muqueuses sèches) ».
Moi : « Et donc ? Où voulez-vous en venir ? »
Lui : « Il me semble dangereux de l’opérer dans ces conditions ».
Moi (voyant une opportunité qu’elle y perde la vie) : « Meuuuuuuuuh non, vous paniquez pour rien mon vieux, elle pète le feu, donc vous me l’opérez  fissa et vous arrêter de vous poser des questions existentielles à deux balles. Allez, hop, hop, hop, on prend son scalpel et on y va ! »
Lui : « Je vais voir quand même, ça me semble risqué… »
[Moi (dans ma tête) : « Mais justement ! Go for it ! C’est le moment ! »]

A ce stade, j’étais sûr qu’il l’opérerait et j’espérais qu’elle y resterait. Elle serait morte sans que ce soit (vraiment / directement) ma faute ! Nickel : le plan parfait. J’avais juste oublié que j’avais donné les coordonnées de ma femme et que j’avais bien signifié une bonne centaine de fois que c’était pas ma chatte mais celle de ma femme. Donc, du coup, ce fourbe de vétérinaire l'a appelée derrière mon dos pour lui demander s’il devait annuler l’opération, ma femme a évidemment dit oui et donné son feu vert pour faire plein d'examens afin de savoir jusqu’où allaient les problème de « ternitude » des yeux de sa chatte et de sécheresse de ses muqueuses.

Bilan des courses, quand je suis revenu la chercher le soir, léger comme une plume et m’attendant à la trouver : 1/ Au mieux morte, 2/ Au pire vivante mais stérile, imaginez ma surprise lorsque je l’ai retrouvée vivante ET non stérilisée (horreur !), avec (cerise sur le gâteau) une facture de 149€ à payer pour « bilans sanguins approfondis » et « cure de vitamines de 3 semaines ». J’ai appelé ma femme pour lui demander si elle se foutait pas un peu de m’a gueule, elle m’a dit que non - mais j’ai eu comme un gros doute quand même.

Après je me suis battu pour récupérer Zoé : je voulais la reprendre tout de suite (j’avais subi assez d’échecs cuisants pour la journée), sauf que la gentille madame de l’accueil (la même que celle du matin) voulait pas me la rendre tant que je n’aurais pas eu un « entretien post-examen avec le vétérinaire ». Ce à quoi j’ai répondu « que j’en avais bien rien à foutre, que c’était pas ma chatte (je crois que ça commençait à être clair) et que j’aurais préférais qu’elle crève pendant l’opération programmée, mais avortée, et que de toutes façons je dégueulais les chats quels qu’ils soient et surtout celle-ci ». Alors là, ça a été un peu le drame, dans la mesure où j’ai dû dire tout ça un peu fort (et peut-être même avec une légère pointe d’énervement à peine perceptible dans la voix) et du coup tout le personnel de la clinique s’est arrêté de parler et de bouger en même temps et ils se sont tous mis à me fixer (assez méchamment pour la plupart, avec un lourd regard d’incompréhension pour les autres) et j’ai eu l’impression d’être au mieux l’être humain le plus vil du monde et au pire l’antéchrist.

Tous ces gens complètement kéblo sur des animaux de compagnie à deux balles ça me déprime sévère, mais quand en plus je sens une vague d’hostilité généralisée, ça me gave. J’ai fait un esclandre pour récupérer l’aut’ connasse, la dame de l’accueil refusait de me la filer, j’ai menacé de me barrer sans les payer et sans le chat, le vétérinaire a interrompu une opération en cours pour me faire le débrief post-examen nécessaire à mon départ. Je lui ai bien dit que j’en avais rien à foutre de son débrief post-examen, que si je pouvais la buter à coups de pioche, je le ferais et qu’il valait vraiment mieux pour lui que je puisse repartir vite avant que je foute le feu à tout le bâtiment. Il a finalement daigné me rendre la pelure (sur sa cage y’avait une étiquette avec marqué « Zoé XXXXXX »), en disant que j’avais pas trop l’air d’aimer le chats (quel fin observateur de la nature humaine ce vétérinaire…).

J’ai payé la facture la mort dans l’âme et la dame de l’accueil m’a très aimablement et très naturellement demandé quand est-ce qu’on pourrait prendre RDV pour l’opération. Je sais même pas comment elle a pu imaginer que j’allais remettre un pied dans leur bauge une autre fois dans ma vie. A la place, je lui ai dit fort poliment d’aller se faire enculer en enfer et je suis parti. Non sans avoir repéré sur le comptoir un petit panneau qui hante mes nuits depuis : le cycle de vie du chat (dont la durée de vie va potentiellement jusqu’à… 21 ans !!!). Youpi ! À ce rythme, c’est elle qui va m’enterrer, c’est vraiment moche. Elle en plus, elle pourra venir danser sur ma tombe avec tous les nouveaux petits bébés chats qu’elle aura eu grâce à son utérus qu’elle avait donc toujours… J’étais maudit. Autant vous dire que j’ai fait la tronche une bonne semaine à la maison pour bien faire comprendre à ma moitié qu’y faut pas se foutre de la gueule du monde non plus (et aussi pour fomenter dans l’ombre ma riposte : par la porte ou par la fenêtre, cette chatte allait perdre son utérus j’en faisais le serment).

Plan B : j’ai pris un véto de Quimper au pif dans les pages jaunes (il avait une voix de serial killer au téléphone, ça m’a tout de suite mis en confiance) et j’ai pris RDV pour tout de suite (coup de bol : il avait un RDV qui venait de sauter). Alors là, traitement différent, j’ai à peine eu le temps de poser sa cage de transport sur la table d’opération qu’il lui enfonçait déjà une grosse seringue hypodermique pour rhinocéros dans le cul, le scalpel entre les dents (y perdait pas d’temps le bougre). Ni une, ni deux, elle dormait déjà quand je suis reparti trois minutes plus tard. Ca c’est du boulot de pro : pas de chichi, pas de fioriture. Voilà un professionnel qui fait ce pour quoi il est payé et c’est bien tout ce que je lui demandais. Fin de journée, je suis aller chercher la pelure qui était donc devenue stérile (mouhahahahahahahahahahahahah) et semblait un peu pâlichonne… Elle n’était pas morte pendant l’opération ? Qu’à cela ne tienne ! Elle pouvait peut-être encore y rester les jours suivants !

Bon, en fait elle y est pas du tout restée, elle est toujours vivante, elle coûte toujours une blinde en croquettes, elle chie toujours à côté de sa litière (idéalement tout autour et dessous mon atelier de bricolage, comme de par hasard), elle perd toujours ses poils, elle est toujours aussi moche MAIS au moins elle ne se reproduit plus, ce qui lui confère quand même (en tous cas de mon point de vue) un avantage tout à fait non négligeable. Et puis je peux pas lui enlever qu’elle est plutôt gentille (infâme, mais gentille). Donc, bon, on fait avec du coup…

Ceci dit, tout bien réfléchi, je peux sans doute tourner tout ça à mon avantage. Compte tenu de notre situation financière toute pourrite, si je l’épile avec des bandelettes de cire chaude VEET (ou même de marques distributeurs), je pourrai la vendre sur Ebay en la faisant passer pour un de ces affreux chats égyptiens hors de prix. Elle va enfin se rendre utile ! Je vous tiens au courant... A très vite, T.

3 commentaires:

  1. Ebay interdit toute vente d'être vivant (sinon j'aurais vendu la moitié de ma famille depuis longtemps).
    Mais bon en cherchant un peu on doit pouvoir trouver un "chategyptienauneblinde.com"

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  2. Excellent, comme d'hab. On vibre avec toi de toute cette haine de la gente féline...

    Cependant une question me tarabuste (si, si) : à quand les petites illustrations pour aller avec ces zoulis textes ?

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  3. @sieur Gotreff : et quelle partie tu aurais vendue je te prie ? (si ça c'est pas une question piège qui pue du cul, je veux bien m'appeler Gwendoline. Pour ta sécurité personnelle je te conseille de ne jamais répondre).

    @Olive : si tu savais comme j'aimerais passer en mode "drawings only" ou au moins mixer textes et dessins... petit souci : je n'arrive plus à dessiner. Tu avoueras que c'est sacrément emmerdant. J'attends que ça revienne, mais pour l'instant, rien à l'horizon. I'll let you know. Merci de suivre en tous cas ;)

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